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Venue d’un politique réfugié rwandais

Le 25 mars à St-Charles, nous avons reçu un réfugié politique rwandais, de l’ethnie tutsi, rescapé du génocide de 1994.

Ce génocide, organisé par les extrémistes hutus, a causé entre 800 000 et un million de morts (souvent à la machette) en seulement trois mois.

Emmanuel, accompagné de cinq bénévoles de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture et de la peine de mort (ACAT), nous a raconté son enfance au Rwanda, son école, son église, ses voisins, ses copains, sa famille bien sûr, puis les tueries de masse auxquelles il a assisté alors qu’il n’avait que onze ans.
Mais aussi son père massacré, ses six frères et sœurs cachés dans les collines, les marais, le veuvage de sa mère, etc. Sa famille élargie compte 87 victimes.
Il a aussi insisté, avec beaucoup d’émotion, sur cette phrase de sa maman, comme une leçon pour toute la vie : « Prenez le risque d’aimer ».

Après le génocide, Emmanuel a participé à des tribunaux villageois, dits tribunaux Gacaca, procès de proximité au cœur des collines, pour juger au plus près les coupables de ce « génocide des voisins ».

Favorable à la réconciliation nationale et critique à l’encontre de l’actuel pouvoir en place, Emmanuel a été menacé. Après un emprisonnement arbitraire et des mauvais traitements, il a fui vers la Tanzanie puis la France en 2011. L’OFPRA lui a finalement accordé le statut de réfugié politique.
Toutefois, il a passé neuf fois dans les rues. SDF, il a été soutenu par l’ACAT et par un prêtre de notre région. Emmanuel est très engagé dans sa paroisse, il travaille au Forum Réfugiés de Lyon où il s’occupe de logistique.
C’est la première fois qu’il accepte de témoigner, et ce, parce qu’il se sent une responsabilité face à la jeune génération. Pendant près d’une heure, il a dressé un tableau historique et politique de la situation, mais surtout a partagé son expérience propre, intime. Également sa foi. Il y a eu de la gravité, beaucoup de dignité, quelques larmes, quelques rires. L’intervention s’est achevée sur une chanson de son ami Kizigo Mihito, lui aussi considéré comme opposant politique, et étrangement « suicidé » en prison il y a un an…
L’ACAT et Amnesty International réclament d’ailleurs une enquête indépendante. Nos lycéens ont fait preuve d’une écoute parfaite, les questions ont été pertinentes. Il y a aussi eu des silences de sidération. De tels moments, de telles rencontres, sont exceptionnels et donc précieux.