Interview de Zoé Delzoppo – Lycéenne et championne du monde junior de Freeride

Détermination/ Mental/ Entrainement

Écrit par Jade BUSSET, élève terminale, avec l’aide de Nathalie RIVAS.

Le Freeride, appellation contemporaine du ski « hors-piste », existe depuis longtemps mais connait un véritable essor en 2008 : c’est le skieur Candide Thovex qui décida de pratiquer son ski freestyle en imitant les Snowboarder. C’est également un sport de vitesse dangereux, mais ce n’est pas ce qui fait peur à Zoé Delzoppo.


Zoé a 17ans. Aujourd’hui elle est élève en terminale au lycée Saint-Charles (Vienne) et vainqueur d’une coupe de championne du monde en ski freeride junior 2023.


Quelles sont ses motivations pour exercer ce sport ?
Zoé ne vit pas la routine d’un ado qui se lève la semaine à 6h et qui se repose le week-end ; cette manière de vivre l’adolescence ne l’attire pas : « J’aime être dans l’action, s’il y a du repos ça veut dire que c’est la fin de la saison de ski ». C’est sa passion ardente et l’attente de la saison de compétition qui lui donne des ailes pour exceller et la pousse à aller plus loin.


Ses amis sont son véritable soutien, ils lui permettent de se détendre, d’oublier le jour J, spécial compétition : « Je suis avec mes amis et je rigole; si je ne fais pas ça je stresse trop et je ne fais pas du ski plaisir. Or, c’est là où on est le meilleur ». « Pendant ma compétition je fais du ski plaisir ».


Selon elle, l’ accompagnement dans ce sport lui est essentiel.
Il n’y a pas d’esprit compétitif mais beaucoup de soutiens et de liens fusionnels : « Je ne vois pas le but de skier seule, d’être seule sur le télésiège par exemple ».


Afin de entretenir sa performance de skieuse à l’année, elle pratique plusieurs sports de renforcement tels que le vélo ou le Wakeboard (qui est un sport de glisse aquatique).
Lors des saisons de compétition, c’est le yoga qui lui est essentiel, selon les conseils de son coach. Ces séances lui permettent de combiner entraînements et études tout en maintenant un équilibre corporel et psychique.


En revanche, au niveau scolaire, le fait que Zoé ne soit pas en sport étude et qu’il n’y ait pas d’aménagement dans sa scolarité est compliqué pour elle, physiquement et mentalement. Ses coachs mentaux sont ses parents et ses frères. Malgré cela, à chaque fois qu’elle est en compétition « [sa] maman a toujours une boule au ventre », mais pour Zoé, « si on a peur au Freeride on ne fait rien » : c’est une question d’adrénaline.


Quitter le monde de la montagne après avoir été titrée championne du monde junior et revenir sur son lieu d’étude à Vienne a été un moment très difficile. Même si à elle a reçu une pluie de félicitations, cela n’a pas atténué le bouleversement de ses émotions.
Une autre difficulté à gérer pour notre championne sera de respecter et renouveler son titre, car Zoé est exigeante : « il y a cette part en moi qui me dit qu’il ne faut pas que je déçoive. Quand je faisais les compétitions je n’avais pas de titre, aujourd’hui j’ai un titre à respecter ».


Mais son énergie ne diminue pas : Zoé, quand elle envisage son avenir, souhaite rester dans le cadre du sport en suivant des études STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives). Plus tard, elle affirme vouloir vivre en montagne, en Haute Savoie, été comme hiver. Selon elle, un sportif se doit d’avoir cette trilogie de qualités essentielles : la détermination, le mental et l’entrainement. D’ailleurs, que l’on soit garçon ou fille malgré une physiologie différente qui ne permet pas d’obtenir certaines performances, il ne faut pas pour autant que cela soit un frein pour réaliser ses rêves . D’ailleurs, une des rêves de Zoé serait de pouvoir organiser une compétition de ski à égalité entre les genres. Il faut combattre les stéréotypes sexistes qui peuvent agir bien au-delà du domaine sportif.


Par ailleurs, Zoé est bien consciente de l’impact climatique sur l’espace montagnard, la fonte des glaces en particulier. Elle sait pertinemment qu’il sera difficile de skier en France dans une dizaine d’années, donc aujourd’hui elle profite à fond de ce sport car pour elle les études peuvent se rattraper : « dans 10 ans on pourra plus skier en France, et je ne me sens pas de partir hors de France pour skier ». Donc aujourd’hui elle ne ressent pas l’urgence de faire des études malgré ce que lui conseillent ses parents.

Nous vous proposons une interview de Zoé afin de découvrir son parcours :

Présente-toi en quelques mots : Je m’appelle Zoé Delzoppo, j’ai 17ans et j’ai 3 frères ! Je suis actuellement en terminale à Saint-Charles, mon lycée depuis 3 ans. J’habite à condrieu et je suis passionnée par les sports qui touchent à la glisse. Insouciante, casse cou mais épanouie je suis freerideuse à la clusaz !

1. Comment as-tu commencé ta carrière en ski Freeride et qu’est-ce qui t’a poussé à choisir cette discipline?

J’ai commencé le ski à 3ans, pas dans le Freeride, c’était purement loisir jusqu’à mes dix ans, où je me suis vraiment spécifiée dans le freeride et j’ai commencé les compétitions à 14 ans.

Je monte tous les weekends avec mes parents à La Clusaz. Un jour, je skiais avec eux et un coach de freeride de la station m’a repérée et m’a emmenée dans cette discipline, dans leur club. J’ai skié avec les gens du club tous les weekends et ça m’a emmenée vers les compétitions. Le freeride est une sorte de liberté, d’art, en adéquation avec la nature, que j’adore et c’est aussi cela qui m’a poussée vers le freeride. 

2. Peux-tu nous parler de ta préparation physique et mentale avant une compétition importante?

La préparation physique, c’est sur le long terme. En été quand il n’y a pas de neige c’est beaucoup de vélo de route, du wake et du surf pour garder la sensation de glisse, et beaucoup de VTT de descente pour le côté adrénaline et descente.

Préparation mentale, c’est clairement mes parents, ils m’accompagnent lors de la plupart de mes compétitions, ils me soutiennent toujours. Il y a aussi mes coachs et mes copains avec qui je m’amuse beaucoup, cela m’enlève le stress avant les compétitions, le plaisir c’est là où l’ont ski le mieux !

3. Comment gères-tu l’équilibre entre ta carrière de sportive de haut niveau et ton parcours scolaire ?

Jusqu’à maintenant j’arrive bien à le gérer, je travaille à fond la semaine et le weekend on oublie le travail et je passe samedi et dimanche à fond sur les skis, étant donné que je ne skie que le weekend il faut bien en profiter ! Puis je finis mes devoirs le dimanche soir dans la voiture parfois ! Pour le moment, j’ai de bons résultats que ce soit en ski ou à l’école donc on espère continuer comme cela. 

4. Quelle va être la suite de ton parcours sportif et scolaire ?

L’année prochaine sera une autre année, je ne sais pas pour le moment ce que je vais faire, ce sera peut être STAPS Annecy pour faire Kiné du sport et coupler le ski à côté ou Médecine.

Mais je voudrais quand même continuer le ski, cette saison va être décisive, et avec mes performances actuelles je me pencherais plus vers STAPS. Je mettrais quand même les deux sur Parcoursup, on verra bien en Juin…Je suis encore à chaud dans ma saison de ski donc s’il fallait choisir maintenant ce serait STAPS. 

Tous les weekends et toutes les vacances pendant la période de ski (Fin novembre à début mail) je suis à la montagne, avec les compétitions et entrainements.

5. Tes prochaines échéances sportives ?

Je vais avoir le championnat d’Europe, l’année passée je fais championne d’Europe et de France  (et 4ème au championnat du monde), et l’année avant le COVID je fais vice-championne d’Europe et vice championne de France. Donc on essaye de faire le triplé cette année, ce serait dingue !

Crédit photos 📸 -> @miamariaknoll

Instagram Zoé Delzoppo -> @zoe__delzoppo